Variabilité de la Fréquence Cardiaque, une Introduction

Cet article est issu de ma compréhension, ma synthèse et de mon application pratique de la formation “CCS Individualisation de l’entraînement et suivi de la VFC” dispensée par l’INSEP et animée par Laurent Schmitt. Laurent est le référent scientifique du CNSNMM et ancien entraîneur national. Il est également docteur en biochimie et en physiologie du sport (20 ans d’expérience dans la Variabilité de Fréquence Cardiaque). Laurent, expert dans ce domaine à notamment accompagné Martin Fourcade, Alain Bernard, Romain Bardet, Charline Picon, Grigor Dimitrov et bien d’autres.

Variabilité de la Fréquence Cardiaque, Quésako ?

Comme son nom l’indique, la Variabilité de Fréquence Cardiaque ou VFC (HRV en anglais) correspond à la variation du temps qui sépare deux battements cardiaques. Pour garantir des mesures constantes, on utilise la contraction initiant la systole (R) du complexe QRS. Celle-ci est visible sur un tracé d’électrocardiogramme (ECG).

Les intervalles R-R permettent de mesurer la variabilité de fréquence cardiaque

L’analyse de variabilité de fréquence cardiaque correspond donc à l’analyse de la variabilité de durée de l’intervalle R- R ou d’une suite d’intervalles R-R et se définit par le temps (en millisecondes, ms).

Les intervalles R-R sont tous différents, d'ou la VFC

Notre cerveau, ce héros

Notre monde intérieur est contrôlé par le système nerveux autonome (SNA), il est associé au système endocrinien, qui lui opère les régulations par voie hormonale.

Le SNA contrôle notamment :

Pour répondre aux stimuli environnementaux, le SNA est composé de deux sous-systèmes qui présentent des réponses opposées sur les fonctionnement biologique :

🔋 La branche parasympatique, qui favorise des processus de récupération et reconstruction interne. Il provoque une diminution de la fréquence cardiaque. Elle est gouverné par la respiration.

⚡ La branche orthosympatique : qui favorise les processus d’activation et de fuite/combat. Il provoque une augmentation de la fréquence cardiaque. Elle est gouverné par la tension artérielle.

C’est en évaluant l’impact du SNA et de ces deux branches sur le coeur et notamment la Variabilité de la Fréquence Cardiaque que nous pouvons estimer l’état de forme de l’individu.

Alors comment fait-on pour suivre la variabilité de la fréquence cardiaque?

Protocole : Enregistrement du rythme cardiaque via une ceinture mesurant les intervalles R-R plus largement qui réalise un ECG.
Enregistrement durant 5’ allongé : évaluation de la branche parasympathique, ne faisant intervenir que ce système dans la régulation de la physiologie.
Enregistrement durant 5’ debout : évaluation de la branche orthosympathique en réponse à une augmentation de la tension artérielle, lié à l’activation du retour veineux et des différents récepteurs présents dans notre corps.

Un premier point fondamental : L’analyse de la VFC ne doit pas être réduite à la seule analyse de la FC et du RMSSD.

La méthode d’analyse de la variabilité de fréquence cardiaque présentée et utilisée par Laurent Schmitt permet d’associer différentes méthodes d’analyse (Task Force, 1996). Sans rentrer dans les détails ici (mais je réponds à toute sollicitation!), l’analyste doit prendre en compte les données temporelles, fréquentielles et non-linéaire du test.

Afin d’optimiser l’apport de ces différentes données, le rôle et l’expertise de l’analyste consiste à les associer car elles ne mesurent pas les mêmes paramètres et n’apportent pas les mêmes informations.

C’est à partir de ces données que l’on peut évoluer la puissance (ou non ..) de son système et des états de fatigue précis.

Test de Variabilité de Fréquence Cardiaque 1
Test de VFC 1
Test de Variabilité de Fréquence Cardiaque 2
Test de VFC 2

Plus, c’est pas toujours mieux !

La VFC revêt un intérêt majeur sous exploité, à savoir mesurer de manière objective et non invasive :

  • La réserve d’énergie disponible ;
  • La capacité de régénération de l’organisme ;
  • La capacité à produire des efforts ;
  • Les différents type de fatigue, qui doivent être traitées différemment selon leurs incidences :
    • Un athlète sans énergie ;
    • Un athlète qui a des difficulté à produire du lactate ;
    • Un athlète qui se réveille fatigué ;
    • Un athlète qui a des difficultés à reproduire les efforts ;
    • Un athlète qui a du mal à trouver le sommeil ;
    • ect ..

En fonction de ces différentes informations, différentes stratégies peuvent être mises en place selon le type de fatigue identifiée :

  • Stimuli d’entraînement
  • Nutrition
  • Récupération : bain froid, bain chaud-froid
  • Stimulation : chaud, réflexologie

Lorsque l’on a compris que c’est le SNA qui pilote (en partie) nos réponses biologiques et qu’il est ultra sensible à notre environnement, manager les stimuli sur lesquels nous avons le contrôle, par exemple l’entraînement, la nutrition, l’hydratation ou les processus de récupération est d’une importance capitale.

Il est possible d’influencer de manière aigüe et très puissante le SNA ou de façon plus différée selon la stratégie et les besoins.

Quel type d’accompagnement existe-il pour la variabilité de la fréquence cardiaque ?

Stratégie long terme – développement de l’athlète

L’entraînement est cyclique, beaucoup d’entraîneur s’appuie sur les méthodes 3-1 (3 semaines de travail – 1 semaine de régénération). Le suivi de variabilité de fréquence cardiaque permet d’évaluer la charge interne de l’athlète au début du cycle et à la fin du cycle de travail puis à la fin de la semaine de régénération pour en voir les bénéfices, ou non ..

Stratégie court terme – l’affûtage

On sait à quel point cette période est délicate et propre à chaque athlète. Le suivi VFC me permet ainsi de quantifier quotidiennement 1/ réserve d’énergie, 2/ capacité de régénération et 3/ capacité à produire des efforts. On en finit avec certaines croyances : la sollicitation 48h avant la compétition quelque soit l’état de forme de l’athlète, le même échauffement, la même récupération sur une compétition de 6 jours pour des états de forme qui varient entre le début et la fin de semaine.

Cette stratégie peut également être mise en place lors d’un retour de maladie, pour évaluer la capacité du corps à régénérer et savoir quand il sera prêt à retourner au charbon.

Stratégie compétition

En période de compétition, le test permet d’adapter au jour le jour les choix de l’entraîneur en matière d’échauffement ou de récupération afin d’avoir un impact significatif sur la performance de l’athlète : échauffement stimulant ou au contraire régénérateur selon les différents niveaux d’énergie de l’athlète.

Rendre la VFC accessible en restant précis, c’est la clef !

Petite anecdote : le jour d’une compétition (majeur sinon pas drôle), un athlète que je suis à l’année présente des réserves d’énergie et une capacité à récupérer très faible.

Pour autant son activité orthosympathique debout, donc sa capacité à se mobiliser à produire des efforts et 3x supérieur à sa norme.

Les résultats du test sont envoyés au coach, qui n’en prends connaissance, téléphone oublié à l’hôtel – ça arrive même au meilleur.

🥵 L’athlète a réalisé sa meilleure performance ce jour là, sur sa course phare avec une prise lactate à 15mmol post effort …

L’organisme était prêt à se battre, il état bien préparé donc le Jour J : GAME ON!

🥶 Mais les courses qui se sont déroulées les jours suivants ont été plus délicates, potentiellement lié à cette capacité diminuée du corps à régénérer…

Conclusion

Le plus important à mon sens et de ne jamais oublier de replacer ces tests dans un contexte.

La discussion avec l’athlète ou le coach permet le plus souvent d’identifier la cause des fluctuations.

Le test permet d’y répondre de la façon la plus précise possible.

🔺 En gardant à l’esprit que la Performance reste multi-factorielle, complexe et profondément personnelle puisqu’elle appartient à l’athlète.


Antoine Britz, Préparateur Physique et auteur de l'article sur la VFC

Qui Est Antoine Britz?

Issue d’un cursus STAPS (licence + master), j’ai eu l’opportunité d’accompagner les nageurs du Pôle France de Font-Romeu en tant qu’entraîneur assistant durant 2 ans puis prendre la responsabilité du Pôle Espoir d’Amiens en tant que Head Coach. C’est durant cette aventure que j’ai découvert la VFC. Mon besoin d’avoir des données objectives sur l’état de fatigue de mes athlètes et comprendre l’impact des séances sur certains athlètes plutôt que d’autres m’a poussé à faire appel à un analyste expert en VFC pour comprendre.

Depuis septembre 2022, j’ai eu l’opportunité de me former à l’évaluation et au suivi de la VFC. J’exerce également en tant qu’indépendant dans l’accompagnement des sportifs : nageurs, triathlètes principalement.

Cet accompagnement prend plusieurs forme :

  • Membre du staff technique en lien direct avec l’entraîneur sur le suivi VFC
  • Entraîneur à distance de nageurs amateurs (nageurs et triathlètes)
  • Analyste auprès de triathlètes amateurs (testing physiologiques principalement et suivi VFC pour gérer la charge d’entraînement)
  • Educateur sportif (natation) dans des clubs de sport parisiens

Quelque soit mon rôle auprès de l’athlète, mon objectif reste le même :

💡 Accompagner le sportif en m’appuyant sur des marqueurs objectivables pour le guider dans son projet de performance.

📩 Si vous souhaitez échanger, vous pouvez me contacter par mail à l’adresse suivante : antoinebritz@icloud.com ou directement sur mon site internet : athleteprofiling.fr

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